Marilyn Monroe - 19 mai 1962

2008 ne marque pas seulement les 40 ans du plus important mouvement social de l'histoire française. Il y a 60 ans maintenant, la Déclaration universelle des droits de l’homme était adoptée. Au crépuscule de la première grande guerre idéologique de l’Histoire, une très grande majorité de personnes laissait pendre à leurs lèvres un "plus jamais ça", porteur d'espoir et de paix.
Tous les ans, Amnesty International nous offre un rapport, qui n'est autre que le reflet embarrassant de notre société boiteuse. Cette année, le bilan est accablant. Voici les premières lignes du rapport :
"Les dirigeants mondiaux devraient présenter des excuses, car ils n’ont pas su tenir les promesses de justice et d’égalité contenues dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pendant ces six décennies, nombre de gouvernements se sont centrés sur l’exercice d’un pouvoir abusif ou se sont efforcés de faire avancer leurs propres intérêts politiques, en négligeant le respect des droits des personnes placées sous leur responsabilité."
Non non, ne croyez pas que cela vise seulement quelques dictatures éloignées. Les « grandes puissances » ne sont pas épargnés. D'ailleurs souvenez vous, il y a peu, le chef de l'État initiateur de cette déclaration vendait son cul pour quelques $. Dommage qu'il est omit de mentionner l'importance des droits de l'homme à ses contractants. Remarque, il était surement mal placé pour jouer les donneurs de leçons. Il aurait pris le risque que son ami Poutine lui lache un « В чужом глазу сучок видим, а в своем и бревна не замечаем » (Nous voyons la brindille dans l'œil de l'autre et nous ne remarquons pas la poutre dans le nôtre).
Je finirai donc cet article par une version commentée de la Déclaration Universelles des droits de l'homme.
Les remarques et chiffres suivants sont tirés du rapport d'Amnesty International 2008.
Rappelons toutefois qu'Amnesty International a été élu prix Nobel de la paix en 1977.
Article premier.
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
En Égypte, près de 25O femmes ont été tuées par leur mari ou par un membre de leur famille durant le premier semestre de 2007, et deux femmes en moyenne ont été violées toutes les heures.
Article 2
Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale,- de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.
Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Selon les chiffres rendus publics, 1252 personnes ont été exécutées par l'État en 2007, dans 24 pays différents. Toutefois, 104 pays ont approuvé un moratoire mondial sur la peine de mort.
Article 4
Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude : l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Article 5
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Amnesty International a recueilli des informations sur des cas de torture et de traitements cruels inhumains ou dégradants dans 81 pays en 2007
Article 6
Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.
Article 7
Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.
Selon le rapport 2008 d'Amnesty International, au moins 23 pays appliquent des lois discriminatoires à l'égard des femmes, au moins 15 des lois discriminatoires à l'égard des migrants et au moins 14 des lois discriminatoires à l'égard des minorités.
Article 8
Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la Constitution ou par la loi.
Article 9
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
A la fin de l'année 2007, plus de 600 personnes étaient détenues sur la base aérienne américaine de Bagram, en Afghanistan, sans avoir été inculpées ni jugées, et sans avoir pu contester devant un juge la légalité de leur détention. Quelque 25000 étaient privées de liberté dans les mêmes conditions par la force multinationale en Irak.
Article 10
Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
Le rapport 2008 d'Amnesty International recense 54 pays dans lesquels se sont tenus des procès inéquitables.
Article 11
(1) Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.
(2) Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis.
Selon les chiffres d'Amnesty International, quelque 800 personnes ont été emprisonnées à Guantànamo depuis l'ouverture du centre de détention, en janvier 2002. Environ 270 y sont toujours privées de liberté, sans inculpation et en dehors de toute procédure légale.
Article 12
Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
Article 13
(1) Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un État.
(2) Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien et de revenir dans son pays.
En 2007, plus de 550 postes et barrages de l'armée israélienne entravaient les déplacements, voire empêchaient les Palestiniens de circuler entre les villes et les villages de Cisjordanie.
Article 14
Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.
Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.
Article 15
(1) Tout individu a droit à une nationalité.
(2) Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité ni du droit de changer de nationalité.
Article 16
(1) A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution.
(2) Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement des futurs époux.
(3) La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'État.
Article 17
(1) Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété.
(2) Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.
Article 18
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
Amnesty International a recueilli des informations sur des cas de prisonniers d'opinion dans 45 pays.
Article 19
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
Le rapport de 2008 d'Amnesty International recense 77 pays dans lesquels la liberté d'expression et la liberté de la presse sont soumises à des restrictions.
Article 20
(1) Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.
(2) Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.
On estime à plusieurs milliers le nombre de personnes arrêtées durant la répression des manifestations intervenus au Myanmar en 2007, et Amnesty International pense qu'environ 700 restent détenus à ce jour.
Article 21
(1) Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis.
(2) Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays.
(3) La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit s'exprimer par les élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote.
Article 22
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.
Article 23
(1) Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
(2) Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.
(3) Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
(4) Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.
Au moins 39 syndicalises ont été tués en Colombie en 2007, et 22 sont morts dans ce pays durant les quatres premiers mois de l'année 2008.
Article 24
Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques.
Article 25
(1) Toute personne a droit à un niveau suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
(2) La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale.
En 2007, 14% des habitants du Malawi étaient séropositifs au VIH ou malades du sida. Seulement 3% d'entre eux bénéficiaient gratuitement de traitement antirétroviraux, et un million d'enfants étaient devenus orphelins à la suite de morts liées au VIH.
Article 26
(1) Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.
(2) L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour la maintien de la paix.
(3) Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants
Article 27
(1) Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.
(2) Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur.
Article 28
Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet.
Article 29
L'individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seul le libre et plein développement de sa personnalité est possible.
Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique.
Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies.
Article 30
Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.